Engagé dans une transition vers une mobilité entièrement électrique d’ici 2030, le constructeur automobile américain met fin à la production de ses véhicules thermiques. Ce dernier se retire partiellement du marché européen.
Ford, pionnier d’une transition radicale
C’est le premier constructeur historique à effectuer une transition aussi radicale et inattendue aux yeux des consommateurs. D’autres constructeurs emboîteront le pas. Confirmant ainsi la décision de l’américain qui doit faire face à d’importants investissements pour financer sa transition vers l’électrique. Ceci, conformément aux exigences de Bruxelles.
Ford se plie rapidement à cette transition, malgré les excellentes performances de ses véhicules thermiques sur les routes. Il faut dire qu’il n’a jamais réussi à se défaire de son image de constructeur automobile populaire, à l’image de son ancêtre, la Ford T.
Est-ce la raison pour laquelle il va mettre fin, le 7 juillet, à la production d’une Ford Fiesta en parfait état de fonctionnement ? Suivi de la Focus et d’autres modèles dans les deux prochaines années, qui subiront le même sort ? Pas vraiment.
En réalité, Ford se trouve dans l’incapacité financière de tout entreprendre. Avec un ambitieux programme comprenant neuf modèles électriques d’ici à 2024 nécessitant d’énormes investissements, il a fait le choix industriel de maintenir sa présence en Europe. Ceci, en réorganisant les lignes de production de son usine historique de Cologne Niehl, créée en 1930.
Quand l’histoire automobile est bouleversée
Ainsi, la huitième génération de la Ford Fiesta, qui était produite dans cette usine, sera abandonnée. Il s’agit d’un modèle à succès qui, dans les années 90, se vendait à raison de 80 000 exemplaires par an. Comparé aux 47 000 Ford de tous modèles confondus vendus l’année dernière.
Après 47 ans de bons et loyaux services et avec plus de 12 millions de Ford Fiesta vendues, elle cède sa place à son semi-remplaçant. Ford présentera le Ford Explorer, un SUV entièrement électrique incontournable, déjà dévoilé dans une version nettement plus américaine. En réalité, comme nous l’avions déjà mentionné précédemment, il s’agit d’une plateforme MEB achetée à Volkswagen. Ford n’avait aucun projet prêt dans ses propres cartons.
Lutte acharnée pour les usines : qui remportera la mise ?
Les ingénieurs ont bénéficié de temps libre, ce qui a permis de consacrer le budget au service design. Celui-ci a su en tirer parti en créant une carrosserie attrayante. Celle-ci pourrait concurrencer le Ford Puma, mais ce modèle à succès continuera d’exister. Les versions thermiques, dont la remarquable version E85, bénéficieront du soutien de l’arrivée en 2024 de la première version entièrement électrique de Ford. Aux dimensions plus compactes que l’Explorer (4,20 m contre 4,45 m).
En d’autres termes, la marque Ford se lance résolument dans l’électrification. Cependant, cette transition a un coût élevé en raison de la collaboration avec Volkswagen pour emprunter techniquement une part importante (au moins 70 %) de l’Explorer.
L’usine de Cologne-Niehl, déjà convertie à la production de véhicules électriques et renommée « Ford Electric Vehicle Center », dispose d’une capacité de production de 250 000 véhicules par an. Ford est confiant et prévoit de doubler ses ventes en Europe au cours des six prochaines années. Atteignant ainsi 1,2 million d’exemplaires.
Ce pronostic suscite des interrogations, mais s’il se réalise, il bénéficiera à Volkswagen qui en profitera financièrement. À ce stade, il reste incertain d’où viendront les autres modèles équipés de solutions électriques internes. Ford envisage de vendre son usine de Saarlouis qui produit la Focus.
Un constructeur chinois est activement engagé dans les négociations et souhaite s’implanter là où Ford se retire. Il a compris que la réglementation des indications géographiques posera bientôt des défis pour les voitures « fabriquées en Chine » vendues en Europe. Il faudra donc produire localement pour éviter cette restriction, ce qui soulève également des enjeux économiques et sociaux.