L’annulation du pick-up électrique Ram 1500 par Stellantis relance le débat sur l’électrification des gros véhicules. Pourquoi ce choix stratégique majeur ?
Le Ram 1500 REV : une ambition électrique avortée
En 2023, Stellantis affichait de grandes ambitions pour son entrée sur le marché des pick-up électriques en Amérique du Nord. Le Ram 1500 REV promettait une autonomie impressionnante, allant jusqu’à 1 110 km. Ce modèle reposait sur la plateforme STLA Frame, avec une architecture 800V et une puissance de recharge de 350 kW.
Capable de tracter jusqu’à 6 300 kg, il visait à séduire les professionnels et amateurs de pick-ups robustes. Sa fiche technique démontrait la volonté de rivaliser avec les références du segment déjà très disputé.
Pourquoi Stellantis change-t-il de cap ?
Malgré cet engouement initial, plusieurs facteurs ont mené à l’abandon du projet. Un ralentissement marqué de la demande pour les pick-up électriques dotés de grosses batteries comme le Cybertruck de Tesla, s’est fait sentir aux États-Unis. Les consommateurs nord-américains restent fidèles aux motorisations thermiques puissantes pour ces véhicules imposants.
Derrière ce revirement, on retrouve aussi des impératifs économiques. Le succès mitigé d’autres pick-up électriques a refroidi les ardeurs du groupe. De plus, les pressions réglementaires récentes bousculent les stratégies dans toute la filière automobile électrique américaine.
Des conditions de marché qui évoluent rapidement
La succession rapide de retards dans le calendrier illustre la difficulté à imposer un tel véhicule électrique auprès d’une clientèle fidèle à ses habitudes. La rentabilité reste incertaine, malgré les investissements massifs consentis pour développer ces modèles innovants.
Les constructeurs réalisent qu’un retour sur investissement n’est pas garanti si le marché ne suit pas. Difficile alors de justifier la production massive d’un véhicule qui risquerait de rester invendu.
Le poids du contexte social et politique
Les politiques publiques influencent aussi l’avenir de l’électrique outre-Atlantique. Les ajustements récents concernant les incitations fiscales modifient régulièrement l’attractivité des voitures électriques pour certains segments clés.
Dans ce contexte mouvant, Stellantis préfère miser sur des solutions hybrides ou à prolongateur d’autonomie, plutôt que sur un modèle 100 % électrique dont la demande pourrait stagner. Cette décision reflète un choix stratégique face à l’incertitude du marché.
Que prévoit Stellantis après cet abandon ?
Malgré l’annulation du Ram 1500 REV, tout n’a pas été perdu. La nouvelle plateforme développée sera utilisée pour créer une version hybride rechargeable baptisée « Ramcharger ». Ce modèle combine un moteur thermique servant de générateur, prolongeant ainsi l’autonomie sans sacrifier la praticité attendue par les utilisateurs réguliers de pick-up.
Cette option intermédiaire vise à répondre aux attentes du marché américain, où la transition vers l’électromobilité se fait souvent étape par étape, plutôt que par rupture totale.
- Batterie plus petite limitant coût et poids
- Moteur thermique pour recharger en roulant (prolongateur d’autonomie)
- Accès à la zone zéro émission pour les petits trajets urbains
- Conservation des capacités de remorquage élevées
Cette approche démontre le choix stratégique de privilégier l’évolution progressive plutôt que la rupture brutale. Les utilisateurs professionnels recherchent avant tout polyvalence et fiabilité, deux qualités parfois absentes des premières générations de pick-up 100 % électriques.
La concurrence ouvre la voie, mais le doute subsiste
Le marché des pick-up électriques américains demeure jeune et plein d’incertitudes. Quelques pionniers sont présents chez les concessionnaires, mais aucun n’a encore conquis durablement ce public exigeant. Les volumes de vente restent modestes face aux prévisions ambitieuses.
Face à cette réalité, Stellantis opte pour une stratégie prudente : mieux vaut temporiser que prendre le risque de pertes financières importantes. Cette prudence contraste avec l’ambition initiale affichée lors des salons automobiles, preuve que le chemin de l’innovation est semé d’obstacles.
Modèle | Type de motorisation | Autonomie max annoncée | Prix de départ (€) |
---|---|---|---|
Leapmotor T03 | Électrique | 265 à 280 km | 16 900 |
Citroën C3 électrique | Électrique | 322 km | 23 300 |
Kia EV3 | Électrique | 436 à 605 km | 35 990 |
Opel Grandland électrique | Électrique | 523 à 585 km | 42 490 |
Alors que d’autres constructeurs poursuivent leurs essais, chacun ajuste sa stratégie pour répondre aux contraintes écologiques et aux réalités du terrain. L’évolution du marché des pick-up électriques dépendra autant des technologies proposées que de la rapidité d’adaptation des consommateurs eux-mêmes.
Des enseignements pour l’industrie automobile américaine
L’expérience récente de Stellantis montre combien il est difficile de transformer les modes de consommation sans entraîner les acheteurs dans la dynamique. Les attentes en matière d’efficacité, de prix, de flexibilité et d’autonomie restent centrales pour ce type de véhicule.
La question de l’équilibre entre innovation technologique et pragmatisme industriel devient cruciale. Les constructeurs devront composer longtemps avec de multiples contraintes : évolution législative, coûts industriels croissants, fluctuations des matières premières et compétitivité mondiale accrue.