L’usine Stellantis de Mulhouse va cesser partiellement sa production une semaine en octobre. Ce choix met en lumière les tensions qui secouent toute l’industrie automobile européenne.
Pourquoi la production s’interrompt-elle à Mulhouse ?
À partir du 27 octobre, l’usine alsacienne de Stellantis restera silencieuse jusqu’au 2 novembre. Cette suspension concerne principalement la fabrication des modèles Peugeot 308, 408 et DS7. Près de 2000 salariés impactés devront s’arrêter sur un effectif total de 4700 personnes. Les autres seront redéployés pour diverses missions internes au groupe.
La raison avancée par la direction se résume ainsi : adaptation au marché automobile. Le marché européen affiche une baisse ou une stagnation des ventes de voitures neuves, compliquant la gestion des stocks. Difficile dans ce contexte de produire à plein régime sans accumuler d’invendus. L’ajustement des stocks impose donc parfois de stopper les chaînes le temps que la situation se stabilise.
Un contexte tendu pour l’automobile européenne
Le ralentissement industriel ne touche pas que Mulhouse. Plusieurs sites européens du même constructeur vont aussi connaître des arrêts de production prolongés, dont l’usine Stellantis de Poissy, également touchée par un arrêt de trois semaines en octobre.
Pour certains établissements, ces interruptions dureront entre une et trois semaines. La tendance est désormais continentale.
Ce phénomène illustre une crise profonde du secteur automobile. En Europe, le volume de ventes demeure bien inférieur à celui d’avant la pandémie. Depuis début 2025, le marché automobile peine à retrouver ses couleurs — on évoque même un recul de près de 28 % comparé à l’avant-Covid. Un chiffre qui frappe l’imagination.
Des perturbations supplémentaires à Sochaux
L’usine de Sochaux subit aussi l’impact de la conjoncture. Là-bas, la production de Peugeot 3008 et 5008 connaîtra plusieurs interruptions ponctuelles durant octobre. Cette fois, ce sont des problèmes de fournisseur et un manque de pièces qui provoquent ces arrêts. Ces nuits silencieuses témoignent de la fragilité de la chaîne logistique.
Face à ces aléas, les salariés impactés espèrent l’arrivée de nouveaux modèles pour garantir la pérennité des sites français. Mais entre projet et concrétisation, il peut parfois s’écouler de longs mois.
Entre incertitudes et formation des salariés
L’arrêt de production ne rime pas toujours avec inactivité. Pendant la trêve, certaines équipes pourront suivre des formations professionnelles internes. L’objectif : préserver leur niveau de rémunération et accompagner le développement de nouvelles compétences. Une démarche essentielle pour rester compétitif alors que la crise automobile bouscule tout.
Les représentants syndicaux insistent sur la nécessité de préparer l’avenir. Ils plaident pour davantage d’investissements dans la montée en compétence des employés, gage de stabilité en période de turbulence.
Quand la transition électrique bouleverse tout
Au cœur du débat se trouve la fameuse échéance de 2035. À cette date, l’Union européenne interdira la vente de véhicules thermiques neufs. Cet objectif soulève nombre de questions pratiques et économiques. Comment gérer une transition aussi rapide, sachant qu’en 2025 seules 18 % des ventes concernent des véhicules électriques ? Pour tenir le cap fixé par Bruxelles, il faudrait presque doubler cette proportion dès l’an prochain.
Pour les acteurs du secteur, la marche forcée vers l’électrification génère de profondes inquiétudes. Tout le monde n’avance pas au même rythme. Là où certains pays, notamment asiatiques, investissent massivement dans leurs filières, l’Europe multiplie les régulations et affronte des obstacles industriels majeurs.
Comparatif : l’Europe sous pression face à la concurrence mondiale
Si les constructeurs tentent d’ajuster leur offre en temps réel, ils restent exposés à une concurrence féroce venue d’Asie. Sur le marché automobile français, les importations de véhicules made in China ont bondi de 30 % en 2025. Dans le même temps, la part de marché des marques chinoises en Europe culmine à 7 %, contre seulement 1 % auparavant. Ce glissement accéléré inquiète, surtout si l’on considère le rapport qualité-prix attractif des modèles venus d’Asie.
Face à cette concurrence, les usines européennes doivent faire preuve d’agilité. Moderniser les outils industriels, baisser les coûts, former les équipes : la liste des défis est longue. Les constructeurs réclament plus de pragmatisme de la part des décideurs européens pour accompagner une mutation aussi complexe.
Tableau récapitulatif : dates clés des arrêts de production annoncés
Site | Modèles concernés | Dates d’arrêt | Motif principal |
---|---|---|---|
Mulhouse | 308, 408, DS7 | 27 oct. – 2 nov. | Baisse des ventes |
Sochaux | 3008, 5008 | 10, 17, 24 oct., nuits du 5 et 31 oct. | Problèmes fournisseur |
Quels enjeux pour demain ?
Le ralentissement actuel invite à repenser la stratégie globale de production. Maintenir la compétitivité passera forcément par :
- Une meilleure gestion des stocks pour éviter les surplus inutiles,
- Une anticipation des tendances d’achat,
- Des investissements accrus dans l’innovation et la formation,
- Un dialogue social renforcé pour accompagner les mutations,
- Une adaptation constante face à la réglementation européenne et à la pression mondiale.
Dans ce contexte mouvant, chaque décision impacte non seulement les chiffres de production, mais surtout la vie quotidienne de milliers de salariés. L’histoire industrielle de Mulhouse et Sochaux continue de s’écrire, entre adaptation permanente et espérance d’un renouveau industriel européen.